Nous étions neuf à se rencontrer au Métro Berri en route vers l'Écomusée du fier monde, ancien bain construit en 1927, selon les plans de l'architecte J.O. Marchand et qui est un magnifique exemple de l'architecture des années 1920. Sa fonction première était de permettre aux familles du voisinage d'avoir accès à des installations adéquates pour se laver. L'Écomusée du fier monde s'est installé dans l'ancien bain Généreux en 1996.
L'Écomusée du fier monde, fondé en 1980, et incorporé en 1982, est à la fois un musée d'histoire industrielle et ouvrière de Montréal, au Canada, et un musée citoyen.
Ce musée nous invite à explorer des volets méconnus de la culture montréalaise et nous fait découvrir la vie quotidienne en milieu ouvrier et suivre le parcours inspirant de groupes de citoyens.
Ouvriers et ouvrières dans une filature, vers 1900. (Écomusée du fier monde)
On peut voir les grandeurs et misères d'un quartier populaire en retraçant son évolution à travers les moments charnières de l'industrialisation et de la désindustrialisation. On est témoin des impacts de l'industrie et des transformations urbaines sur le travail et les conditions de vie dans un quartier ouvrier. On peut voir plusieurs objets des plus anciennes usines datant de 1867 qui ont rendu la vie plus facile à ces chers ouvriers.
Œuvre de la soupe à l’Asile de la Providence, angles des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert, vers 1930. (Archives Providence Montréal)
Un ouvrier non qualifié recevait un salaire annuel moyen de 240$ en 1882. Loin d'être suffisant comme revenu, il n'était donc pas rare de voir travailler les femmes et les enfants. Un des nombreux défis quotidiens était l'approvisionnement et la conservation des aliments comme en témoigne une glacière de l'époque. Malgré ces conditions difficiles, les citadins se réunissent et tissent des liens. Après la Deuxième Guerre mondiale s'amorce la désindustrialisation et le déclin des vieux quartiers montréalais. Les usines ferment, les emplois se font rares. Malgré les difficultés, les résidents du Centre-Sud ne se laissent pas abattre et se donnent les moyens d'agir dans leur milieu. Des organismes communautaires se sont mis sur pied dans les années 1960 et 1970. Les témoignages de résidents et d'intervenants du quartier évoquent sa mémoire et sa transformation et comment le milieu continue de se réinventer.
De 1850 à 1950, Montréal est la métropole du Canada et le Centre-Sud en est le cœur industriel. Montréal est le centre manufacturier le plus important au pays. On peut y voir comment l'industrialisation façonne la ville et bouleverse l'organisation du travail. La construction du pont Jacques-Cartier et du port de Montréal illustre le réseau de transport en plein essor. C'est d'ailleurs à l'odeur qui se dégageait des arrivages de mélasse dans le port et qui se répandait dans le quartier que l'on doit l'expression (Faubourg à mLasse). A l'automne 1974, les pompiers de Montréal déclenchent une grève illégale au cours de laquelle de nombreux foyers d'incendie sont allumés de façon volontaire (Week-end rouge).
Le Centre-Sud doit beaucoup aux Bâtisseuses, un groupe de femmes engagées et militantes qui ont eu un impact positif dans leur communauté avec leurs luttes depuis 50 ans pour améliorer leurs conditions.
Après la Deuxième Guerre mondiale, les grandes chaînes proposent la formule du « supermarché » : des épiceries en libre-service de grande surface. Un étalage de fruits dans une succursale de la chaîne Dominion, vers 1960. (Archives Courchesne, Larose Limitée)
En 2012, un projet nommé (Nourrir le quartier, nourrir la ville) est né. Ce programme s'est intéressé à l'histoire urbaine des aliments, en cherchant à connaître les chemins qu'ils ont empruntés pour arriver dans la métropole, puis leur circulation et leur transformation dans la ville.
Dans le cadre du Mois des Arts, les centres d'éducation des adultes du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) présentent les magnifiques réalisations de leurs élèves à l'Écomusée par la photographie, la peinture et le multimédia, les artistes expriment leur vision de la vie montréalaise. Que de créativité et de talents, une imagination sans borne pour donner des résultats inattendus avec des matériaux tout aussi inattendus.
Ancrée dans l'écosystème du quartier Centre-Sud, l'exposition collective (Ce qui habite les fissures) nous invite à prendre le temps d'admirer une flore urbaine que l'on côtoie souvent sans la voir.
De nouveau cette année, les gens ont le plaisir de descendre dans l'ancienne piscine qui accueille la galerie Jean-Tal, une exposition d'œuvres d'art à saveur politique et sociale créées par le public d'Infoman. Cette exposition est très divertissante, c'est un plaisir d'essayer d'en reconnaître les acteurs dans une forme plutôt humoristique.
De plus, l'Écomusée offre un espace polyvalent pour créer des événements et on peut participer à un encan bénéfice en salle ou virtuellement dont une soixantaine d'œuvres d'art d'artistes d'ici seront mises aux enchères au profit de l'Écomusée du fier monde.
Notre belle visite s'est terminée de façon agréable en dégustant un bon café à la Grande Bibliothèque.
Lorraine
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